Vers l'inconnu

Tuesday, October 20, 2015
Istanbul, Turkey
Le grand départ. Les derniers détails se règlent toujours un peu à l'arrache, obligé. Gestion du changement du deuxième vol (qui a changé sans prévenir) depuis l'aéroport de Genève, dernière bouffe avec ma mère, et ça y est je me retrouve tout seul largué vers l'inconnu.

C'est la première fois que je vole vers l'Est . Les Alpes vues d'en haut sont magnifiques, j'étais loin de me douter à quel point. Elles laissent peu à peu place à d'autres topographies inconnues mais tout autant grandioses, jusqu'à l'atterrissage à Istanbul à la tombée de la nuit.

Méthode 1 pour jauger la population d'un pays en 24h: chercher un hôtel situé dans une ruelle que personne connaît. Eh ouais, suite à une mauvaise expérience concernant l'arrivée dans des villes inconnues de nuit, je me suis dit que j'allais assurer et ai pour la première fois de ma vie réservé un lit à l'avance sur internet. Je découvre donc Istanbul backpack au dos et guitare à la main pendant au moins une heure et demie. Les gens sont super cool et essaient tous de t'aider, passent même des coups de fil, et ce malgré une communication parfois difficile vu que les deux seuls mots que je connais en turc sont "branlette" et "69"... Littéralement: je ne sais dire ni "bonjour" ni "merci". Istanbul c'est donc quelque chose comme Barcelone (avant que ça s'embourgeoise) mais avec plein de Turcs à moustaches, quelques femmes voilées et de la bouffe très bonne mais avec un arrière-goût qui rappelle parfois les aisselles d'une chèvre . Je m'y fais quelques potes et un peu de tourisme avant de m'envoler vers le Koweit.

Méthode 2 pour jauger la population d'un pays en 24h: passer 24h sur le même banc au terminal d'arrivées de l'aéroport. Malgré la petite tension inévitable quand une frontière te sépare de ton backpack et quelques cafouillages techniques, l'obtention du visa se passe finalement relativement bien et bon marché. Petit pré-repérage pour le prochain vol, petit coup d'oeil dehors juste pour confirmer que même s'il faisait pas nuit y'aurait rien à voir, et c'est reparti pour la recherche de mon spot. J'y suis encore en ce moment, et ne peut que constater que c'est le meilleur endroit de tout l'aéroport. La grande majorité des hommes sont habillés en mode sheikh (tunique blanche et truc sur la tête) et les femmes ont différent niveaux de voilage. Au milieu de tout ça c'est moi qui suis bizarre. C'est super intéressant à observer, j'ai l'impression qu'il y a un mariage, Noël et Halloween en même temps. Apparemment c'est les étudiants des USA qui reviennent au pays attendus par toute leur famille, on jette à certains des bonbons et pièces de monnaie sur la tête (que s'empressent de ramasser les gosses et le personnel indo-srilanko-bangladeshien de l'aéroport). Y'a deux barbus en tunique noire qui débarquent, une dizaine de personnes les suivent en essayant de leur faire des bisous sur les mains, que ces derniers esquivent à la dernière seconde en mode «Haha tu m'auras pas!» avec de grand sourires. Personne n'est vexé, on dirait que a fait partie du jeu. Pas mal de monde s'intéresse à ce que je fais (tisser du macramé et boire du mate), on se comprend pas toujours mais on se marre bien. Voila, après quelques heures pour m'acclimater je ne peut que constater que sous ces voiles et habits bizarres y'a des gens exactement comme partout ailleurs.

Je passe donc une très bonne journée dans mon petit squat. Puis disparaissent tous mes potes du jour et l'aéroport commence à se vider. J'ai minutieusement calculé tous les détails pour que tout se passe en douceur. Je répartis à l'oeil le poids entre mes deux sacs et tombe pile sur les bons chiffres, emballe mon sac sous cellophane moi-même et finit tout juste le rouleau, dépense exactement tous mes dinars dans mon seul et unique délicieux repas de la journée qui me remplit exactement l'estomac (ni plus ni moins), monte par hasard pile à la bonne heure pour le check-in (où je constate avec effarement que ma guitare aura fait tout le trajet comme bagage à main et sans surtaxe), et me rends compte avec surprise en arrivant dans l'avion que j'avais débourse dix balles de plus pour un siège avec vue presque sans aile, toute la place pour ma gratte et seulement un siège voisin qui en plus est vide. Ça m'a l'air trop beau pour être vrai, j'espère que l'avion va pas se crasher.

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2025-02-11

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