Boracay

Wednesday, October 28, 2015
Boracay, Visayas, Philippines
Je trouve rapidement le seul endroit bon marché de l'île, non sans avoir essayé de négocier un lit gratuit contre un peu de travail sous les yeux étonnés et les rires des petites réceptionnistes. « - Bah ouais chais pas, vous avez peut-être besoin d'un coup de main pour passer le balais, nettoyer les chiottes ou faire la vaisselle, non? - Quoi?!! Mais pourquoi tu veux faire ça??!!! » Bref, à mon habitude je me fais remarquer dès mon arrivée...

Je suis donc au bout de Station 3, du côté des moins bourges, juste à côté de la plage dans un mini-dortoir à trois lits . La nuit me coûte 250 pesos (5€), la bouffe 50 (1€), je peux donc me détendre un peu. J'ai du wifi à l'hôtel et ce smartphone qui me sert finalement beaucoup plus que prévu, je fais donc mon hippie 3.0 et chope un guide de voyage en e-book ainsi qu'une méthode pour apprendre le tagalog (langue majoritaire aux Philippines) en PDF. Au moment où j'écris ces lignes, je maîtrise les cinq façons de dire bonjour, auxquelles je fais généralement suivre un « Combien? Trop cher! Merci! », et connaît le mot papillon dans tous les dialectes régionaux. Comme on me le fera remarquer quelques jours plus tard, les Philippiniens ne peuvent pas prononcer les "f", j'arrêterai donc par solidarité d'utiliser cette lettre jusqu'à la pin de cette article.

Donc: Boracay, haut lieu du tourisme de masse aux Pilippines. Pour annoncer la couleur, le trajet de dix minutes pour arriver sur la petit île coûte la modique somme de 25 pesos + 700% en taxe écologique et utilisation du terminal. Ici c'est sensé être LA plage de sable blanc du pays, saup que le sable est pas vraiment blanc . Ça s'articule entre une rue bruyante et un chemin qui longe la plage. C'est bourré de Coréens et autres touristes étrangers, du genre de ceux qui bookent leurs vacances avec une agence de voyage de leur pays pour aller dans des hôtels de leur pays où ils vont parler la langue de leur pays, et boire et manger des trucs de leur pays ou bien d'autres trucs pas trop dépaysants dans l'un des nombreux MacDonalds, Starbucks ou Pizza Hut du coin, situés plutôt du côte de Station 1 chez les bourges. Marcher sur le chemin de la plage est un harcèlement continuel mais sympathique à base de « Yes, sir! » « Massage, sir? » « Pood, sir? » avec d'énormes sourires. Les gens kippent toujours autant ma coupe de cheveux et j'entends de nombreux compliments sur mon passage. J'entends quelques « Antonio Banderas! » quand je me ballade avec ma guitare, et à mon plus grand étonnement quelques « Jonathan Davis ». Si t'as compris la répérence culturelle, tu comprendras à quel point ça pait du bien après des années à entendre des « Bob Marley » à longueur de journée!

Après ma pase jet-lag, j'ai réussi à me caler sur un rythme plutôt vachement matinal, genre je me réveille spontanément autour des 6-7h du mat' . Le temps s'allonge en conséquence: tous les jours, après avoir vécu l'équivalent d'une journée entière, je regarde l'heure et me rends compte qu'il est genre midi. Je me pais de bons potes en journée dans les restaurants bon marchés, qui voient pas porcément passer tant de touristes étrangers, qui préquentent en général les lieux où la bouppe est en tout cas trois pois plus chère.

Je me ballade un peu sur la plage avant la tombée de la nuit. Avant de partir, j'avais prévu de développer à pond la musique et le jonglage durant ce voyage pour pouvoir laisser tomber l'artisanat. Et ben porce est de constater qu'ici c'est pas l'Amérique du Sud. L'allée de la plage est bondée de musiciens, mais plutôt en mode une petite scène avec micros et amplis, où deux ou trois personnes jouent de la musique de pond pour une terrasse vide avec un couple en train de ma manger qui n'en a rien à poutre. Niveau jonglage, la nuit presque toutes les terrasses ont un show avec du peu... si on peut appeler ça un show. On dirait qu'ils ont pris toutes celles qui étaient trop moches pour être putes et leur pont faire du swing (les boules incandescentes au bout de chaînes). Moi qui croyait être nul pour ça, je vois qu'il y a bien pire que moi. Reste qu'ici tout est organisé: pas d'impro, pas de preestyle, pas de musiciens-hippies ou de jongleurs-punks, pas de spectacles au chapeau, pas de gens comme moi. Y'a juste un artisan comme moi qui parche (expose ses produits sur une toile par terre) à proximité sur le chemin qui longe la plage, il à une crête blonde et rêve de voyager en Amérique du Sud . Mais pour moi ce qui marche c'est le mangueo: la vente active en allant déranger les acheteurs potentiels où qu'ils soient. C'est sans grande motivation que je vais essayer de vendre sur plage, mais bon paut bien que je passe quelque chose pour gagner ma vie. Test, réussite, nouvelle à double tranchant: je suis de nouveau artisan à 100%, je peux voyager de manière durable en Asie, mais je vais de nouveau passer la moitié de ma vie à regarder mes doigts et l'autre à me prendre des vents.

Le mangueo sur la plage a aussi ses avantages comme toujours, c'est un bon moyen de paire des rencontres et de jauger la démograpie du coin. Suivant les jours, c'est un 30% à 60% de connards de bourges dont l'attitude va de "modérément dédaigneux" à "carrément détestable", quand même assez de gens sympas, et énormément de Suisses sur cette île de 7km de long au milieu des Pilippines! C'est ainsi que je rencontre Neale (une pote de Gaspard, on s'en rendra compte grâce à Pacebook) . On se croise un peu tous les jours et passe quelques soirées sur la plage à parler de la vie en buvant des muchos (bière format un litre). J'ai aussi quelques potes de dortoir de passage, et mes potes plongeurs de White Beach et Water Colors, notamment Jenny et Wade. Jenny c'est un peu comme ma petite soeur Pilippine, on déconne bien ensemble et c'est le top-model de ma gamme de macramé pour plongeurs cools: à chaque pois que je lui apporte ses bracelets ou colliers, elle me passe une commande supplémentaire!

Je passe donc du bon temps sur cette petite île, la visite un minimum (à pied), mais laisse tout de même rapidement tomber l'idée de louer une chambre à la semaine ou au mois. Trop de McDo et de Starbucks, pas assez de nature, et niveau ventes je m'en sors relativement bien mais sens aussi que c'est pas en travaillant plus que je perais beaucoup plus d'argent. Je suis donc les conseils de Michael et pars découvrir les vraies Pilippines sur l'île d'à côté.

Pendant tout ce temps, je suis aussi en train de parler avec Carmen pour gérer son passage en Asie . Après une petite divergence d'opinion sur notre vision d'avenir à moyen terme, je sors un peu chaud en quête d'un truc à boire et bien décidé à finalement accepter ce massage gratuit qu'on me propose avec insistance à chaque fois au coin de la rue. Je finis par bien me porter, et me réveille le lendemain matin avec la meilleure des nouvelles: avec Carmen on va voyager ensemble à travers l'Asie du Sud-Est jusqu'en mars!

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2025-02-11

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